La dégradation du travail d’une part rend le succès matériel de moins en moins dépendant du talent et de la compétence, ce qui encourage la présentation de sa propre personne comme une marchandise ; elle décourage d’autre part un véritable engagement de l’individu dans sa profession et conduit les gens à considérer le travail avec un détachement critique, seul remède au désespoir et à l’ennui.
Dans la mesure ou travailler ne représente guère plus qu’une agitation sans grande signification et ou les habitudes sociales jadis honorées en tant que rituel, dégénèrent en rôles à jouer, le salarié, qu’il travaille à la chaîne ou occupe un poste grassement payé dans une vaste bureaucratie, cherche à échapper au sentiment d’inauthenticité qui en résulte en créant une distanciation ironique par rapport à sa routine journalière.
Il tente de transformer le rôle qu’il joue en une élévation symbolique de la vie quotidienne et se réfugie dans la plaisanterie, la moquerie et le cynisme.
Si on lui demande d’exécuter une tâche désagréable, il établit clairement qu’il ne croit pas aux objectifs de l’organisation qui tendent vers une efficacité et un rendement accru.
S’il se rend à une réception, son comportement tend à montrer que tout n’est qu’un jeu, faux, artificiel, dénué de sincérité, une mascarade grotesque de la sociabilité.
Il tente de cette manière de se rendre invulnérable aux pressions de la situation … !
Sources : La culture du narcissisme de Christopher LASCH