Dans une société ou le succès est sa propre définition, les Hommes ne peuvent mesurer leurs accomplissements qu’en les comparants à ceux d’autrui !
Jadis la bonne opinion qu’amis et voisins pouvaient avoir d’un individu indiquait à celui-ci qu’il s’était révélé utile à sa communauté, car cette opinion reposait sur ses accomplissements, ses réalisations.
Aujourd’hui, les Hommes recherchent l’approbation non de leurs actions, mais de leurs attributs personnels. Ils ne souhaitent pas tant être estimés qu’admirés. Ils cherchent moins à acquérir une réputation qu’à connaitre l’excitation et les éclats de la célébrité.
Ils veulent être enviés plutôt que respectés !
L’orgueil et l’âpreté au gain, caractéristique du capitalisme en voie de développement, ont fait place à la vanité.
Ceux qui ont gagné l’attention du public ne cessent de craindre de la perdre !
L’homme dévoué qui se sacrifie pour son entreprise est devenu un anachronisme évident, le cadre supérieur d’une grande société qui se trouve sur une trajectoire ascendante ne se considère pas lié à son entreprise pour autant. Son attitude anti-organisationnelle apparaît de fait comme sa caractéristique principale. Il gravit les échelons de la direction, moins en servant l’organisation qu’en convainquant ses associés qu’il possède les attributs d’un gagneur.
Mieux le cadre supérieur comprend les caractéristiques personnelles de ses subordonnés, mieux il peut exploiter leurs erreurs pour les contrôler et maintenir sa propre suprématie.
En acceptant de se laisser corrompre, si l’on peut dire par la flatterie, la cajolerie ou la simple sujétion que le mensonge implique, celui à qui on a menti laisse entendre qu’il veut bien échanger ces attitudes contre la vérité.
D’autre part, l’acceptation du mensonge fait comprendre au menteur qu’il ne sera pas puni, tout en lui rappelant sa dépendance et sa subordination.
De cette manière, l’un et l’autre gagnent quelques sécurités !
Sources : La culture du narcissisme de Christopher LASCH